Un point presse a été effectué mardi 17 octobre sur les travaux des cardinaux, évêques, prêtres, religieuses, religieux et laïcs, réunis depuis le 4 octobre autour de 35 tables circulaires dans la Salle Paul VI au Vatican.
Au plan pratique, l’assemblée du Synode en est environ aux deux-tiers de l’examen des 15 thèmes de l’Instrumentum Laboris, document de synthèse des remontées des assemblées synodales locales, nationales et continentales. Les idées sont nombreuses. Mais il n’y aura pas de conclusions dans cette première phase du voyage synodal, commencé en 2021 dans les paroisses et qui s’achèvera en octobre 2024 à la fin de la seconde session du Synode.
Zoom sur les thématiques du diaconat féminin et du rôle des femmes
En ce qui concerne les réformes, l’Assemblée synodale a discuté de la possibilité d’ouvrir le diaconat aux femmes. Le Concile Vatican II a rétabli dans l’Eglise le diaconat permanent (un diacre permanent reste diacre et ne devient pas prêtre): il est actuellement proposé seulement aux hommes mais le Concile Vatican II avait envisagé qu’il le soit aussi aux femmes.
En ce qui concerne le rôle des femmes dans l’Église, il a été rappelé que Jésus a associé des femmes à sa suite et la question a été posée de savoir s’il ne serait pas possible d’envisager que les femmes, qui ont donné la première annonce de la Résurrection, ne puissent pas aussi donner des homélies. Il a également été dit que lorsque les femmes sont présentes dans les conseils pastoraux, les décisions sont plus pratiques et les communautés plus créatives, et en reprenant un proverbe cité dans la salle : « Si vous voulez parler de quelque chose, réunissez une assemblée d’hommes, mais si vous voulez faire quelque chose, réunissez une assemblée de femmes ».
Le thème central est donc celui des femmes, mais il n’est certainement pas le seul ni le plus prédominant. De même que la question du sacerdoce des femmes n’a pas été prédominante jusqu’à présent : la professeur Renée Kohler-Ryan (directrice de la faculté de philosophie et de théologie de l’Université de Notre-Dame et Australie) l’a qualifiée de « question de niche», qui ne reflète pas les besoins réels des femmes d’aujourd’hui. « Je pense que l’on se focalise trop sur cette question et, lorsque l’on se focalise trop sur une question, on oublie ce dont les femmes du monde entier ont besoin. Un avenir dans lequel elles sont accueillies dans l’Église et dans lequel tous ceux qu’elles aiment sont accueillis dans l’Église », a-t-elle déclaré. « Nous devrions nous pencher sur d’autres questions, comme le fait que les femmes doivent choisir entre la maternité et la carrière, a-t-elle insisté, nous devrions faire plus pour nous assurer que les familles sont soutenues de toutes les manières possibles ».
Zoom sur les relations entre laïcs, prêtres et évêques
Les échanges dans le Synode ont mis en valeur un autre thème : l’importance de la paroisse (« qui n’est pas une station de service mais un lieu de communion ») et de la communauté, sur les ministères laïcs qui « ne sont pas des palliatifs au manque de prêtres » et « ne doivent pas être cléricalisés » et sur le service rendu par les prêtres, dont « en tant que communauté de baptisés, nous ne pouvons pas nous passer ».
Une attention similaire a été accordée ce matin au ministère de l’évêque : « Une figure paternelle qui nous accompagne et qui exprime l’amour, l’attention, la préoccupation ». L’évêque doit promouvoir le dialogue interreligieux et œcuménique, il doit gérer les finances, les aspects économiques et juridiques et, justement pour ne pas être accablé par ces questions, il a été proposé qu’en vertu d’un « style synodal », il puisse recevoir l’aide de collaborateurs et d’experts. « L’évêque doit comprendre que le diocèse n’est pas seulement lui, il ne peut pas tout faire tout seul, mais il a besoin d’aide », peut-être de la part de professionnels ». L’assemblée s’est également penchée sur la formation continue des évêques, sur les relations entre évêques, nouveaux évêques et prêtres, et a souligné le fait que les pasteurs «ne doivent pas laisser de côté l’écoute des victimes d’abus dans l’Eglise. Au contraire, il doit y avoir du temps et de l’espace pour ce type d’écoute ».
JEAN XXIII AU NATUREL …
En 1940, au début de la Deuxième Guerre Mondiale, le futur pape Jean XXIII notait dans son journal :
« Les nouvelles de la guerre sont toujours graves. Ce sera un massacre qui se résoudra en une réparation générale du mal commis. Mais pour tant de mères, d’épouses, de créatures innocentes, oh! quelle douleur !, oh! quelle douleur ! »
En 1963, alors qu’il se sait malade d’un cancer qui l’emportera deux mois après, Jean XXIII écrit un texte qui a profondément marqué son époque : Pacem in terris (Paix sur la Terre). Dans une période de Guerre froide, de menace nucléaire, de guerres de décolonisation, il réactualise l’engagement de l’Eglise pour la paix. C’est son héritage au Concile Vatican II qui vient de commencer. Voici une citation de ce texte :
« A tous les hommes de bonne volonté incombe aujourd’hui une tâche immense, celle de rétablir les rapports de la vie en société sur les bases de la vérité, de la justice, de la charité et de la liberté : rapports des particuliers entre eux, rapports entre les citoyens et l’Etat, rapports des États entre eux, rapports enfin entre individu et familles, corps intermédiaires et États d’une part et communauté mondiale d’autre part. Tâche noble entre toutes, puisqu’elle consiste à aire régner la paix véritable, dans l’ordre établi par Dieu.
Ceux qui s’y emploient sont trop peu nombreux, certes, mais ils ont magnifiquement mérité de la société humaine, et il est juste que Nous leur décernions un éloge public. En même temps, nous les engageons à intensifier leur action si bienfaisante. Nous osons espérer qu’à eux se joindront d’autres hommes en grand nombre, tout spécialement des croyants, poussés par la charité et la conscience du devoir. A tout croyant, il revient d’être, dans le monde d’aujourd’hui, comme une étincelle lumineuse, un centre d’amour et un ferment pour toute la masse. Cela, chacun le sera dans la mesure de son union à Dieu.
De fait, la paix ne saurait régner entre les hommes, si elle ne règne d’abord en chacun d’eux, c’est-à-dire si chacun n’observe en lui-même l’ordre voulu par Dieu. ‘ Ton âme veut-elle vaincre les passions qui sont en elle ?’, interroge saint Augustin. Et il répond : ‘ Qu’elle se soumette à Celui qui est en haut et elle vaincra ce qui est en bas. Et tu auras la paix.’ »