Message de Mgr Luc CREPY

Suite à la visite pastorale de la paroisse Saint-Martin d’Achères 12 – 14 mai 2023
Lettre de l’évêque aux paroissiens
(01/07/2023)
« La paroisse est présence ecclésiale sur le territoire, lieu de l’écoute de la Parole, de la croissance de la vie chrétienne, du dialogue, de l’annonce, de la charité généreuse, de l’adoration et de la célébration. À travers toutes ses activités, la paroisse encourage et forme ses membres pour qu’ils soient des agents de l’évangélisation. Elle est communauté de communautés, sanctuaire où les assoiffés viennent boire pour continuer à marcher, et centre d’un constant envoi missionnaire.1 »
Chers Frères et Sœurs, chers Paroissiens d’Achères,
Je tiens à vous remercier pour votre accueil chaleureux au cours de ces trois jours de visite pastorale dans votre paroisse. Grâce à bon nombre d’entre vous, j’ai découvert votre communauté, la vie pastorale locale sous ses divers aspects, vos attentes et vos joies. Grâce à la belle organisation mise en place pour accueillir l’évêque – merci au P. Jean-Pierre et à toute l’équipe d’organisation ! –, j’ai eu l’opportunité de rencontrer bon nombre d’entre vous, de pouvoir discuter avec les uns et les autres, d’échanger sur ce que vous vivez à Achères, et plus particulièrement dans la vie paroissiale. Je rends grâce au Seigneur pour le travail de l’Esprit Saint dans votre communauté et tout ce qu’il suscite parmi vous pour vivre et annoncer l’Evangile. Je vous adresse cette brève lettre pastorale, en reprenant quelques éléments qui m’ont semblé importants au cours de la visite et en vous invitant à relire ce temps fort vécu en paroisse par beaucoup, jeunes et moins jeunes.
De nombreux baptisés se sentent responsables de la vie paroissiale
Accompagné au cours de la visite pastorale par le Père Jean-Pierre Zimille-Tran, curé et seul prêtre de la paroisse, j’ai constaté, à travers les rencontres avec les responsables des diverses activités, combien eux-mêmes et d’autres paroissiens se sentent vraiment impliqués dans la vie paroissiale et assument leur responsabilité de baptisés. La vie de la paroisse n’apparait pas comme la seule affaire du curé ou de quelques paroissiens zélés, mais l’affaire de beaucoup d’entre vous, avec des responsabilités et des tâches très variées. Dans l’Eglise, qui est le Corps du Christ, chaque membre a sa place, chaque membre apporte sa contribution à la vie de toute la communauté, chaque membre ne peut travailler seul mais avec d’autres2.
Il est ainsi intéressant de constater que, dans des domaines très différents – depuis l’annonce de la foi aux plus jeunes jusqu’aux questions matérielles ordinaires, en passant par la liturgie et bien d’autres activités – des personnes responsables sont en place et assurent fidèlement et avec intérêt leurs tâches. Bien sûr, le renouvellement des personnes en responsabilité n’est pas toujours facile, mais il y a de nombreuses forces vives sur la paroisse. Sans doute aussi, existe-t-il une belle culture de l’appel comme on le constate, par exemple, dans la pastorale des jeunes où des parents sont prêts à apporter leur aide et finalement à s’engager un peu plus auprès de leurs enfants. De fait, le dynamisme et la joie de beaucoup de baptisés dans leur engagement au service de l’Eglise constituent aussi un appel à venir rejoindre la communauté. Le pape François rappelle la vocation de chaque baptisé à prendre sa place dans la vie de la communauté : « En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (cf. Mt 28, 19). Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau
1 Pape François, La joie de l’Evangile, 2013, § 28.
2 « Vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps. » (1 Co 12, 27)
2
d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation, et il serait inadéquat de penser à
un schéma d’évangélisation utilisé pour des acteurs qualifiés, où le reste du peuple fidèle serait
seulement destiné à bénéficier de leurs actions. La nouvelle évangélisation doit impliquer que
chaque baptisé soit protagoniste d’une façon nouvelle. Cette conviction se transforme en un
appel adressé à chaque chrétien, pour que personne ne renonce à son engagement pour
l’évangélisation. 3»
C’est une grâce de notre temps, alors que le pape François nous appelle à vivre de manière plus
synodale, que ces nombreux laïcs qui portent la vie de l’Eglise avec les prêtres et les diacres.
Je ne suis pas inquiet pour le prêtre qui succédera au Père Jean-Pierre : il trouvera une
communauté dynamique avec des hommes et des femmes qui ont le souci de faire vivre, à
l’écoute de l’Esprit Saint, leur communauté paroissiale.
La chance d’une fraternité métisse
Le visage de la communauté paroissiale présente de multiples facettes, reflétant la diversité des
paroissiens : habitants de longue date à Achères et nouveaux arrivés ; pluralité des nationalités
et des origines culturelles – que j’ai pu apprécier, entre autres, dans les repas portugais, antillais
et africains – ; sensibilités diverses portées facilement dans des expressions variées de la liturgie,
comme, par exemple, la célébration de Notre-Dame de Fatima. Ajoutons, avec un peu
d’humour, que la présence d’un curé d’origine vietnamienne apporte une note asiatique dans la
vie de l’Eglise locale ! Au-delà de ce simple constat, il me semble – dans les contacts noués au
cours de ces trois jours passés avec vous tous – que la communauté, de manière simple et
modeste, est riche de cette grande diversité. Nous pouvons parler ici de la chance d’une Eglise
métisse – présente en plusieurs endroits du diocèse – où des baptisés – comme à la Pentecôte –
venant « du levant et du couchant du soleil » forment une seule et même communauté et portent
ensemble le souci de l’annonce de l’Evangile à tous.
Une illustration de cette belle fraternité métisse est le concert qui a été donné par les « Saint-
Martin-Pêcheurs » en l’église Saint-Martin. Il était heureux de voir cette belle initiative qui
mettait en scène l’Evangile à travers des chanteurs de tous âges et de toute origine, avec la
créativité de chacun et la complémentarité des uns et des autres. Plus largement, c’est dans
toutes les dimensions de la vie paroissiale que se retrouve cette communion entre des personnes
aux parcours souvent bien éloignés. Dans la rencontre avec les membres de l’Equipe
d’Animation Paroissiale (E.A.P.) et du Conseil Pastoral, j’ai perçu combien l’attention à tous
était important et combien l’écoute des divers points de vue était respectée. Il y a dans votre
communauté, chers Paroissiens, quelque chose qui exprime, dans notre société actuelle souvent
si divisée, un vivre-ensemble habité par l’Esprit qui est source de paix et de joie et qui dit la
catholicité de l’Eglise, c’est-à-dire son ouverture à tous. C’est ce que souligne le Concile
Vatican II quand il parle de la paroisse : « La paroisse offre un exemple remarquable
d’apostolat communautaire, car elle rassemble dans l’unité toutes les diversités humaines qui
se trouvent en elle et elle les insère dans l’universalité de l’Eglise.4 »
Une communauté dynamique dans sa proposition de la foi
La pastorale des jeunes constituent une des forces vives de la paroisse d’Achères. Ainsi nous
trouvons une belle aumônerie (A.E.P.) avec une centaine de jeunes bien répartis selon les
classes, une équipe dynamique de responsables et d’animateurs qui a mis en place un projet
pastoral sur trois ans, invitant les jeunes à découvrir la Parole de Dieu, à prier, à célébrer et à
faire une véritable expérience d’Eglise. L’accompagnement se fait avec l’aide des parents qui
suivent pendant plusieurs années le même groupe. En seconde, la préparation à la Confirmation
constitue une étape importante comme en ont témoigné les jeunes – et leurs animateurs – que
3 Pape François, La joie de l’Evangile, § 120).
4 Concile Vatican II, Décret sur l’apostolat des laïcs, §10
3
j’ai eu la joie de confirmer. Avant les années d’aumônerie, bon nombre de ces jeunes ont eu la
chance de participer aux groupes de catéchèse – accueillant une cinquantaine d’enfants -, et ont
été accompagnés par un groupe de catéchistes, avec, de nouveau, bon nombre de parents qui
s’engagent auprès de leurs jeunes. C’est un beau témoignage pour ces enfants que la foi de ces
adultes qui prennent le temps de les aider à découvrir le Christ et d’entrer peu à peu dans une
vie chrétienne. Ajoutons aussi, la présence d’une équipe nombreuse de l’A.C.E. (Action
Catholique des Enfants) qui propose tout un itinéraire de rencontre et de relecture de vie. Les
mots du pape François résonnent bien avec ce grand souci de la paroisse d’être accueillant aux
jeunes et de leur laisser la place dans la vie de la communauté : « Dieu est l’auteur de la
jeunesse, et il oeuvre en chaque jeune. La jeunesse est un temps béni pour le jeune, et une
bénédiction pour l’Eglise et pour le monde. Elle est une joie, un chant d’espérance et une
béatitude. Apprécier la jeunesse implique de voir ce temps de la vie comme un moment
précieux, et non comme un temps qui passe où les personnes jeunes se sentent poussées vers
l’âge adulte.5 »
Le catéchuménat tient aussi une belle place dans la vie paroissiale et manifeste son dynamisme
missionnaire dans l’accompagnement d’adultes et de jeunes vers les sacrements de l’initiation
chrétienne. Ainsi à Pâques 2023, cinq adultes et une lycéenne ont été baptisés. Dans la rencontre
avec le groupe des catéchumènes actuels et de leurs accompagnateurs, j’ai noté le désir de
permettre à chacun de « faire un chemin » avec d’autres, tant avec ceux qui commencent sur le
chemin de la foi qu’avec ceux et celles qui font route avec eux. Il est important, de fait, de
prendre le temps nécessaire pour approfondir sa relation avec le Christ, pour découvrir peu à
peu l’Eglise et pour se nourrir de la force et de la joie de l’Evangile. Comme le disait l’une des
personnes du groupe, « Dieu a la patience de nos lenteurs ! » (Marie-Noëlle Thabut) Prendre
le temps, c’est aussi accompagner les néophytes afin qu’ils trouvent et prennent leur place au
sein de la communauté paroissiale, et qu’ils puissent également recevoir une mission – même
modeste – au service de l’Eglise. En ce sens, une recherche est à faire avec les autres paroisses
du doyenné pour inventer une collaboration qui permettent aux néophytes de poursuivre
l’approfondissement de la foi avec d’autres baptisés et de ne pas les laisser seuls, après la
formation catéchuménale.
Le Service Évangélique des Malades (S.E.M.) constitue aussi une équipe qui porte le souci de
la présence de l’Eglise auprès des personnes âgées au Centre Georges Pompidou, comme dans
la visite à domicile. Beaucoup de personnes, seules et souvent isolées, attendent une écoute
bienveillante et amicale. Certaines ont une demande de vie chrétienne, mais ne peuvent
malheureusement pas se joindre facilement à la vie paroissiale. Il est bon ainsi de ne pas les
oublier et de leur manifester la proximité et la prière des paroissiens. Par ailleurs, le SEM
organise la messe à l’intention des personnes malades, avec la possibilité de recevoir le
sacrement des malades. Cette célébration se fait en présence des enfants de la catéchèse qui
apportent leur joie de vivre auprès de tous et manifestent l’importance de la dimension
intergénérationnelle dans la vie paroissiale.
Quelques pistes pastorales à développer pour aujourd’hui et demain
Au regard de ces trois jours passés avec vous, il y aurait encore bien des choses à écrire, en
particulier tout ce que vous m’avez fait découvrir de votre commune, ainsi que la rencontre
amicale avec le Maire d’Achères. Au cours de sa visite, l’évêque ne peut pas tout voir, ni tout
comprendre, cependant avec les personnes rencontrées il peut essayer de relire les forces et les
faiblesses de la paroisse. C’est ce que nous avons fait, en particulier avec l’EAP et le Conseil
pastoral, mais aussi au fil des rencontres avec les uns et les autres. Ainsi, après avoir présenté
ce qui me semble être les éléments forts et dynamiques de votre paroisse, je me permets de
proposer quelques pistes pastorales que j’ai d’ailleurs partagées avec certains d’entre vous.
5 Pape François, Christus vivit (Exhortation apostolique aux jeunes et à tout le peuple de Dieu), 2019, § 135.
4
§ Travailler la dimension caritative de la paroisse : un certain nombre d’actions existent sur la
paroisse comme l’accueil de personnes migrantes, en lien avec diverses associations, ainsi que
des maraudes effectuées par l’Ordre de Malte. Cependant, un des regrets, entendu au cours de
la visite, est la fermeture des locaux du Secours Catholique – de beaux locaux – qui permettaient
d’accueillir des personnes en précarité et de distribuer une aide alimentaire. Le Secours
Catholique, ayant changé ses orientations en matière distributive, les locaux ne servent plus, ce
qui paraît vraiment dommage à certains d’entre vous. Il faudra sûrement en reparler avec les
responsables diocésains – ce que j’ai déjà fait – et voir comment ces locaux peuvent servir de
nouveau pour des actions de solidarité. Que saint Martin, le saint patron de votre paroisse, vous
éclaire, lui qui a su partager son manteau avec un pauvre qui n’avait rien !
§ Favoriser un meilleur accueil et une plus grande convivialité : si l’ambiance générale de la
communauté paroissiale est fraternelle et sympathique, certains soulignent qu’il serait bon de
développer l’accueil au cours des messes dominicales – par exemple avec une équipe
spécialement dédiée à cela – afin que les personnes nouvellement arrivées ou venant
occasionnellement se sentent accueillies et puissent faire connaissance avec des paroissiens,
sans rester seules. De manière plus large, il est aussi suggéré d’organiser plus régulièrement des
moments conviviaux qui permettent, eux aussi, des relations plus fortes entre les personnes et
l’intégration des nouveaux venus.
§ Continuer l’entretien des locaux et les travaux du presbytère : le Centre Jean XXIII est une
belle réalisation et un bel outil pastoral auquel les paroissiens sont attachés. Il est bon de
poursuivre un entretien régulier de ces locaux afin qu’ils soient accueillants et permettent la
tenue des rencontres et des réunions de la vie paroissiale. Il sera bon aussi de poursuivre les
travaux du presbytère tant pour l’accueil que pour le logement du prêtre. Ces deux fonctions du
presbytère sont importantes pour la visibilité de la paroisse et la vie de ceux qui sont à son
service.
§ Accueillir votre nouveau curé : le Père Jean-Pierre Zimille-Tran vous quitte cet été. Je suis
sûr que vous saurez lui manifester votre reconnaissance et votre amitié. En septembre 2023, le
Père Régis Grosperrin viendra prendre sa suite comme administrateur paroissial. Je vous invite
à l’accueillir chaleureusement et lui permettre de découvrir avec vous tous la paroisse et la
commune d’Achères. Ce sera aussi l’occasion de relire avec lui la visite pastorale et d’envisager
quelques pistes nouvelles pour la vie paroissiale.
Pour conclure, je vous renouvelle tous mes remerciements pour votre accueil et pour ce temps
passé ensemble à découvrir votre belle communauté paroissiale. Demeurez à l’écoute de
l’Esprit Saint qui fait toute chose nouvelle et qui nous guide pour suivre le Christ en témoignant
de l’amour du Père pour tous !
Bel été à chacun et chacune d’entre vous !
+ Luc Crepy
Evêque de Versailles pour les Yvelines


Versailles, le 12 septembre 2021,

« Pour une Église synodale :communion, participation et mission. Repères pour une contribution du diocèse de Versailles à la démarche pré-synodale. »

Pourquoi une telle démarche ?

À la demande du pape François, chaque diocèse est invité à prendre part à la préparation du prochain Synode des évêques ayant pour thème : « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ». Les 9 et 10 octobre prochains à Rome, le pape François ouvrira cette démarche. Pour notre diocèse, nous nous retrouverons le 17 octobre à 16h en la cathédrale Saint-Louis pour lancer cette phase de consultation diocésaine qui s’achèvera par une rencontre au lycée Saint-Jean-Hulst le 12 février après-midi, où sera présenté le travail mené au cours des prochains mois.
Les synthèses des diocèses de chaque pays seront envoyées à Rome et serviront à l’élaboration d’un premier instrument de travail – instrumentum laboris – qui sera étudié par les conférences épiscopales. Au terme de ce large processus de réflexion dans toute l’Église universelle, le Synode des évêques se tendra à Rome en octobre 2023.

Cette démarche, initée par le Saint Père, se veut cohérente avec le thème même du Synode : comment traiter de la synodalité sans entrer dans un processus qui soit en lui-même synodal ? Ainsi, la participation du Peuple de Dieu à cette réflexion, qui touche profondément à la vie de l’Église, est nécessaire, et rejoint l’attente de bon nombre de fidèles et de prêtres dans de nombreux diocèses. Ainsi, le secrétaire général du Synode écrit-il :

« Considérant que les Églises particulières, dans lesquelles et à partir desquelles existe la seule et unique Église catholique, contribuent efficacement au
bien de tout le Corps mystique, qui est aussi le corps des Églises (cf. Lumen Gentium 23), le processus synodal intégral n’existera vraiment que si les Églises particulières y sont impliquées.  »Modestement mais sûrement, nos communautés et notre diocèse en relisant les divers aspects de notre vie ecclésiale, peuvent à la fois prendre mieux conscience de cette dimension constitutive de la vie en Église, et également apporter leur contribution à la réflexion à laquelle le pape nous invite tous. C’est aussi un beau défi de relire notre vie diocésaine au regard de la dynamique synodale.

Sans doute, certains y verront un travail supplémentaire à mener, alors que beaucoup d’actvités pastorales doivent redémarrer après la période difficile de la crise sanitaire. Ceci est vrai, mais l’effort demandé s’inscrit sur une période très courte : mi-octobre 2021 à mi-février 2022. Un groupe de travail, animé par les responsables de l’École au Service de l’Évangélisaton (E.S.E.) et accompagné par Mgr Bruno Valentn, apportera des éléments concrets de méthode et coordonnera la réflexion diocésaine.

Pour introduire cete démarche diocésaine, je me permets de proposer quelques brefs repères sur les enjeux de la synodalité. A nous tous de saisir cette belle opportunité donnée par ce synode des évêques pour approfondir, et surtout vivre de manière renouvelée et créatrice cette dimension constitutive de la vie de l’Église.

Ensemble pour la Mission

Comme l’exprime l’étymologie la plus courante, « synodalité » signifie marcher ensemble sur le même chemin . La synodalité manifeste le caractère « pèlerin » de l’Église, du Peuple de Dieu dont les membres cheminent ensemble avec le Christ, parce qu’ils forment un seul Peuple, un seul Corps et ont reçu le même Esprit : « Église et Synode sont synonymes, parce que l’Église n’est autre que le ‘marcher ensemble’ du troupeau de Dieu sur les sentiers de l’histoire à la rencontre du Christ Seigneur. »

C’est donc ensemble que nous sommes appelés à nous engager dans l’annonce de l’Évangile, à vivre en communion et en fraternité avec les autres baptsés, à prendre par taux différentes dimensions de la vie de l’Église. S’il fallait résumer en quelques mots : « Ensemble pour la Mission ».

Si le terme « synodalité » peut paraître quelque peu abstrait pour certains, celui de « synode » renvoie à une expérience marquante, vécue ces dernières décennies par de nombreux diocèses. Ainsi le synode diocésain, convoqué par Mgr Éric Aumonier en 2010-2011, constitue aujourd’hui encore un évènement important pour bon nombre de catholiques en Yvelines. Pendant deux ans, 23 000 participants ont réfléchi, débattu et confronté leurs idées afin « de discerner et de décider des actons concrètes pour nous stimuler à mieux vivre notre baptême en Yvelines dans les années à venir. » Les
décisions prises alors continuent de nourrir le dynamisme missionnaire de notre diocèse.

Ainsi, au cours de mes premiers mois dans les Yvelines, les rencontres avec divers acteurs de la pastorale m’ont permis de découvrir un vivant esprit synodal dans bon nombre de paroisses, de doyennés et de services diocésains. Certes la synodalité demeure toujours à construire et à renouveler, et il est parfois des situations où cette tâche demeure ardue. Cependant en bien des lieux les synergies mises en œuvre contribuent à favoriser une
plus grande communion entre les personnes et les communautés : la synodalité ne demeure alors pas un vain mot. Elle est la manifestation de l’Esprit Saint dans le cœur des baptisés.

Très concrètement, cette démarche diocésaine « pré-synodale » nous offre la possibilité de nous interroger : comment, au quotidien, nos communautés et notre diocèse vivent-ils ou non en synodalité ? De quelles manières, avec quelles difficultés, avec quelles fécondités ? Que mettre en place pour une Eglise plus synodale en Yvelines ?

Un combat spirituel ?

La synodalité n’estompe pas la belle pluralité de charismes, de ministères et de responsabilités très diverses qui habitent la vie ecclésiale. Au contraire, sa force et sa richesse se déploient dans l’interacton – la synergie – entre les mutuelles vocatons des baptsés, pierres vivantes partcipant à l’édificaton du Corps du Christ (1 P 2,5). N’imaginons cependant pas que la synodalité est un chemin facile, car sans cesse apparaissent les questons d’exercice de l’autorité, les abus de pouvoir, les tentatons de cléricalisme tant sacerdotal que laïque. Le mainten de prérogatves et d’habitudes inamovibles agitent également le cœur des disciples du Christ Serviteur, oubliant son dernier geste avant sa passion, du lavement des pieds des apôtres.

Mettre en œuvre et vivre une « culture ecclésiale » de synodalité demande une conversion permanente de chacun et de tous pour apprendre à marcher ensemble, sans laisser personne sur la route, ou sans marcher seul en dehors de la route. Ce fut d’ailleurs la première des conclusions du synode diocésain de 2010-2011 : « Acceptons le principe et la pratique d’une conversion permanente. » Belle conclusion qui s’adresse encore à nous aujourd’hui et nous invite à nous interroger sur les conversions à mener ensemble !

Ce chemin de conversion pour une Église plus synodale rejoint l’exigence de témoigner de notre foi au Christ et d’annoncer l’Évangile au monde actuel. Communion et mission sont inséparables afin que notre témoignage de baptisés soit crédible, et manifeste combien la paix et l’unité sont signes de la présence du Christ offerte à tous. Ainsi « une conscience renouvelée de l’identité missionnaire exige aujourd’hui une plus grande capacité à partager, communiquer, se rencontrer, afin de marcher ainsi ensemble sur le chemin du Christ et dans la docilité vis-à-vis de l’Esprit. La pratique synodale propose des objectifs importants en matière d’évangélisation : elle conduit à discerner ensemble les voies à suivre ; elle amène à agir en synergie avec les dons de chacun ; elle contrecarre l’isolement des groupes ou des sujets individuels.  »

Tous à l’écoute de l’Esprit Saint

Durant les prochains mois, cete – brève – participation à la démarche pré-synodale de l’Église universelle peut donner à chacun de nous un élan spirituel fort, en partculier après ces deux dernières années où la crise sanitaire a fortement ébranlée la vie des communautés. Très simplement, prenons conscience que la dynamique synodale permet d’entrer un peu plus dans trois attitudes essentielles à nos relatons aux autres : écoute, dialogue et humilité.

Ainsi le pape François écrit : « Une Église synodale est une Église de l’écoute, avec la conscience qu’écouter est plus qu’entendre. C’est une écoute réciproque dans laquelle chacun a quelque chose à apprendre. Le peuple fidèle, le Collège épiscopal, l’Évêque de Rome, chacun à l’écoute des autres ; et tous à l’écoute de l’Esprit Saint, « l’Esprit de Vérité »

(Jn 14, 17), pour savoir ce qu’il dit aux Églises (Ap 2, 7). » Le dialogue n’est possible que par cete capacité – cete volonté – d’accueillir l’autre pour pouvoir ensemble avancer. Un apprentssage est nécessaire pour que le dialogue soit un réel entreten et permete de tracer quelques pas mutuellement. Enfin – et peut-être est-ce un des fruits d’une authentque démarche synodale ? -, la synodalité ne se construit qu’en cultvant l’humilité, cete attude auquel le Christ invite si souvent ses disciples et qu’il a lui-même incarné dans l’Évangile, jusqu’au don de soi.

Pour terminer, rappelons-nous que déjà les premières communautés chrétiennes cherchaient à entrer et vivre dans un esprit de « synodalité », comme Paul l’écrit aux chrétiens d’Éphèse : « Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous.» (Ep 4, 2-6) Tel est le défi toujours actuel que nous sommes appelés à relever dans notre monde si souvent divisé, livré aux abus de toute-puissance et en quête de fraternité. Puissions-nous vivre cette belle démarche de l’Église comme un signe fort et, éminemment missionnaire !

Versailles, le 12 septembre 2021,

+ Luc Crepy

Evêque de Versailles

  1. Cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, letre aux évêques du 21 mai 2021.
  2. Ce document ne cherche pas à rendre compte de ma découverte actuelle de la vie du diocèse.
  3. Sun-odos : termes grecs traduits le plus fréquemment par : « ensemble sur le chemin » ou « voyager en compagnie ».
  4. Pape François, Discours pour la Commémoraton du 50e anniversaire de l’insttuton du synode des Evêques, 17/10/2015.
  5. Mgr Eric Aumonier, Conclusions du synode diocésain en Yvelines 2010-2011, p. 2.
  6. Conclusions du synode…, idem, p. 8.
  7. Conseil pontfical pour la promoton de la nouvelle évangélisaton,Directoire pour la catéchèse, 2020, § 289.